Le Figaro Lyon

Le Bouchon-comptoir Brunet a tout d'un bouchon typiquement lyonnais, une vieille façade aux murs flanqués de bois surmontés d'une pergola rouge. À l’intérieur, des marionnettes de Guignol sont disposées au-dessus du bar et dessinées sur les assiettes, dans un décor fait de nappes à carreaux rouge et blanc et de murs en faïence vieillie. Dans les plats, on retrouve tout ce qui fait la gloire de la nourriture lyonnaise: tablier de sapeur, saucisson au vin rouge, andouillettes à la fraise de veau, quenelles, ris de veau.

Cochonnaille et contre-système

Pourtant, derrière cet apparent classicisme parfaitement assumé, le bouchon géré par Benjamin Baldassini et sa compagne propose une petite révolution au moment de l'adition en offrant, depuis 2021, la possibilité de payer en bitcoin. Un choix «naturel» selon le propriétaire des lieux, fervent promoteur de cette cryptomonnaie. «J'aime beaucoup cette technologie et me suis rapidement demandé comment je pouvais aider à la faire adopter par le plus grand nombre», confie-t-il au Figaro. Pour le patron des lieux, premier à Lyon à proposer ce type de moyen de paiement, l'identité même du bouchon lyonnais convient parfaitement à l'écosystème de la cryptomonnaie: «un bouchon lyonnais, c'est avant tout un lieu populaire, convivial ou l'on critique la société, ou on se pose des questions et on refait le monde. C'est l'image de Guignol. Donc, le bitcoin a du sens ici puisqu'il remet en cause le rôle de la monnaie dans notre société.»

Sur place, personne n'est contraint de payer en bitcoin. Seul le prix d'un produit est affiché exclusivement en valeur cryptographique: «Pour attirer la curiosité, la Reine des liqueurs, une Chartreuse très rare dont on ne reçoit qu'une bouteille par an, n'est proposée qu'en prix bitcoin (0,001 bitcoin, soit environ 26 euros, NDLR)». Rapidement, le restaurant s'est fait une place de choix dans l'univers des amateurs de cryptos qui viennent parfois de loin pour s'y attabler. « Il y a souvent des étrangers, des gens de passages, avertis à cet écosystème, qui savent que l'on accepte ce paiement et qui s'arrêtent exprès». Pour les amateurs, chaque 1^er mercredi du mois, un apéro bitcoin est organisé sur place ou seuls les paiements avec cette cryptomonnaie sont autorisés.

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Un flou juridique

Restait à régler des questions techniques sur le fonctionnement du paiement et la mise en conformité avec la réglementation française. Les cryptomonnaies étaient encore «dans un flou juridique», admet-il. «Le bitcoin n'est pas considéré comme une monnaie. C'est un actif aux yeux de la loi. Juridiquement, c'est comme si on me payait en actions LVMH. Donc, en fin d'année lors du bilan, on donne un prix en euro à ces actifs. Tout cela se fait de manière extrêmement transparente. En tant que pionniers, on veut montrer patte blanche pour crédibiliser la démarche», conclut Benjamin Baldassini.